Ce CDEN doit notamment prendre connaissance et étudier les mesures de carte scolaire pour la rentrée 2010. Celle-ci va s’effectuer de nouveau dans un contexte de restrictions budgétaires. De plus, ces mesures vont être associées à la mise en place de la réforme de la formation initiale des enseignants. Celle-ci va avoir des conséquences directes sur le fonctionnement des établissements, l’entrée dans le métier des enseignants et par là même sur la scolarité des élèves. En effet, enseigner est un métier qui s’apprend et le simple fait de posséder un diplôme d’études supérieures, fût-il de niveau Master, ne suffit à appréhender la complexité de l’acte d’enseigner face à des élèves aux parcours, besoins et difficultés diverses. La FSU continue donc de dénoncer cette réforme et de réclamer une autre formation pour les enseignants.
En ce qui concerne les mesures pour le 1er degré, nous aimerions pouvoir nous réjouir de la dotation positive de 76 postes pour cette rentrée. Cependant, le retard accumulé depuis de nombreuses années ne sera absolument pas comblé par ces postes supplémentaires. Notre département reste à la traîne par rapport aux autres départements similaires au nôtre. Pour rejoindre le P/E moyen des départements classés dans le même groupe que ceux de l’Académie de Versailles, ce sont quelques 200 postes supplémentaires dont les Hauts de Seine auraient besoin.
Les mesures envisagées se font uniquement sur des critères comptables et quantitatifs qui ne répondent pas aux besoins et nécessités d’une scolarité ambitieuse et à la réussite de tous. Pour cela, il faudrait alléger les effectifs des classes, améliorer le remplacement des maîtres indisponibles, donner plus de moyens pour mieux prendre en charge les enfants en grande difficulté scolaire (pour les RASED notamment lourdement touchés par les suppressions l’an passé), permettre à plus d’enseignants de bénéficier de la formation continue, notamment dans l’éducation spécialisée pour réduire le nombre de postes occupés par des personnels non qualifiés dans l’ASH. Sans oublier, et nous y sommes attachés les moyens indispensables aux équipes pour qu’elles soient en mesure de concevoir, d’organiser et de mettre en place des fonctionnements plus efficients notamment pour combattre les difficultés et les échecs scolaires (temps de concertation supplémentaire pour les équipes, plus de maîtres que de classes, des moyens pour la direction d’école …).
De même, si des efforts ont été faits et continuent à l’être pour la scolarisation collective des élèves handicapés (CLIS ou établissements spécialisés), nous ne pouvons que déplorer que la scolarisation individuelle de ces enfants ne soit pas aussi bien accompagnée. En effet, au-delà des difficultés de recrutement de personnels d’accompagnement, cette scolarisation individuelle doit être prise en compte dans les mesures de carte scolaire (nombre de PPS) permettant ainsi d’alléger les effectifs des classes scolarisant ces enfants.
La FSU92 tient également à dénoncer la décision du Conseil Général des Hauts de Seine d’arrêter à la prochaine rentrée le dispositif du Plan d’Aide à la Lecture. Le prétexte de l’existence de l’aide personnalisée et de l’accompagnement éducatif pour justifier cette décision nous semble totalement injustifiée. En effet, c’est bien mal connaître les objectifs que se sont donnés les animateurs du PAL mais aussi tous les projets engagés avec ce dispositif depuis plus de 20 ans. « Ni substitut à l’action de l’école, ni simple soutien scolaire, il vise à assurer le développement d’un nombre important d’enfants grâce à un maniement renouvelé de l’outil lecture-écriture. » Ni l’aide personnalisée, parce qu’elle n’a pas cette vocation et que l’on en connait ses limites, ni l’accompagnement éducatif, parce qu’il est mis en place uniquement dans l’éducation prioritaire et sans assurance de pérennité, ne peuvent répondre à ces exigences. La spécificité du P.A.L. est d’aider les enfants qui en ont le plus besoin à tirer le meilleur profit possible de l’école et des autres lieux de socialisation. Il a été conçu pour des enfants en difficulté dont le critère décisif est celui du « manque culturel ». Sa suppression est d’autant plus injuste pour ces élèves à qui le PAL permettait de se construire des compétences que seul ce type d’accompagnement pouvait leur offrir. Avec cette décision, le Conseil Général des Hauts-de-Seine accentue, encore un peu plus, les effets néfastes des réformes mises en place par le ministère de l’éducation nationale pour nos élèves les plus fragiles.
Dans le second degré, une des conséquences du budget 2010 n’apparaît pas dans les documents de ce CDEN, qui rend compte des dotations des établissements. Il s’agit d’une nouvelle vague de suppressions de postes de Titulaires Remplaçants, alors que chacun constate déjà la carence de l’Etat, incapable d’assurer la continuité pédagogique due aux élèves. Les récentes annonces de M. Chatel ne sauraient faire illusion : la crise actuelle du remplacement, résultat direct de la baisse des recrutements de professeurs au moment où s’accélèrent les départs en retraite, va être encore aggravée par ces suppressions de postes de TZR, fruit aberrant du dogme du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux. La FSU redit solennellement que le recours à des personnels précaires surexploités, à des étudiants non formés, n’est pas une solution et qu’il est urgent de recruter et former des enseignants pour répondre aux besoins du Service Public.
La Dotation Horaire du département ne suit pas l’évolution démographique : 426 collégiens de plus, mais zéro heures de plus. La priorité politique absolue est néanmoins d’afficher en lycée des moyens stables, pour « ne pas perturber la mise en place de la nouvelle seconde ».
Alors que les lycées professionnels paient maintenant le prix de la réforme du Bac Professionnel en 3 ans enclenchée il y a deux ans, il faut donc engager en douceur la réforme Chatel qui supprimera de nombreux postes dans les années à venir. La victime de cette priorité politique, ce sont les collèges où le taux d’encadrement se dégrade et où les heures supplémentaires se multiplient avec pour effet de très nombreuses suppressions de postes qui disloquent les équipes.
En collèges comme en lycées, la rentrée 2010 se prépare dans des conditions déplorables y compris en terme de démocratie et de transparence, les Conseils d’Administration élus étant très souvent privés des documents qui leurs sont dus, empêchés de voter sur la répartition de la DHG, les structures et les créations-suppressions de postes qui en découlent, voire pas réunis du tout. Ces pratiques contreviennent au Code de l’Education selon lequel le CA est l’organe décisionnaire dans ces domaines, en cohérence avec l’autonomie pédagogique qui est ainsi bafouée.
Il est vrai que la transparence a l’inconvénient de révéler au grand jour l’amputation des horaires d’enseignement, la déréglementation généralisée, le leurre que constituent les 2h d’Accompagnement Personnalisé, les menaces sur les filières technologiques, l’aggravation de la mise en concurrence et de la ségrégation sociale entre établissements… caractéristiques de la réforme Chatel.
Cela explique les mobilisations qui se développent dans les établissements des Hauts de Seine, contre l’asphyxie de l’Education Nationale.
Pour finir, la FSU92 tient à réaffirmer son engagement et son soutien dans les initiatives pour éviter le démembrement de familles ou l’impossibilité pour des jeunes d’effectuer leur scolarité dans les conditions optimales et nécessaires pour cela. L’exemple de la récente expulsion de Mohamed Abourar et fort heureusement son retour rapide montre bien que la précipitation et la politique du chiffre ont des conséquences néfastes pour la réussite de jeunes qui manifestent pourtant leur désir de réussir et de s’intégrer pleinement. Nous réclamons également le retour de monsieur Haddaoui dont les enfants et sa femme sont privés depuis trop longtemps.