Réécrire l’histoire ?

Le reportage de M6 diffusé vendredi dernier (3 mars) dans l’émission Six Minutes, atteste de la présence d’un policier référent dans notre collège. Si Mme Mazot, présentée dans le reportage, est effectivement partenaire de l’équipe éducative, elle agit en tant qu’officier de prévention, c’est-à-dire qu’elle intervient ponctuellement dans le cadre d’actions de prévention dans les classes et en collaboration avec les professeurs. Contrairement à ce qui est montré, cet agent n’a jamais porté d’uniforme au sein de notre établissement et n’a jamais surveillé la cour de récréation. Son rôle est éducatif ; il n’est ni dissuasif ni répressif. Concernant les conditions ayant entraîné la prétendue présence du policier référent parmi nous, la journaliste cite des faits de violence survenus l’année précédente, faisant sans doute allusions aux incidents de janvier 2004 (jet d’une bouteille d’acide dans la cour du colège).

Veut-on réécrire l’histoire ? À l’époque, confronté au refus des enseignants et du conseil d’administration, Nicolas Sarkozy avait justement renoncé à placer un policier "référent" dans l’établissement. Enfin, nous dénonçons le montage du reportage tant au niveau du choix du décor (récréation du vendredi après-midi précédant les vacances, donc agitée) que du parti pris d’exposer les déplorables « clichés ZEP » : racket, violence…. dans la bouche d’un élève portant un survêtement à capuche. Jamais nous n’aurions pensé bénéficier d’une telle publicité à l’heure même où le statut de ZEP n’a jamais été aussi précaire et quand nos inquiétudes et revendications peinent à trouver un écho. Nous protestons contre ce reportage mensonger qui promeut ouvertement le projet du ministère de l’Intérieur : imposer l’installation d’un policier au sein des établissements scolaires, et nous demandons un droit de réponse à la chaîne de télévision M6.

Courrier paru dans l’Humanité du 7 mars 06