Monsieur le Directeur académique,

Ce CDEN intervient à un moment particulier : les élections municipales dont on répétait à l’envi qu’elles ne concernaient que le local ont montré que la colère avait attendu les urnes pour se manifester. La perte de pouvoir d’achat, la montée du chômage, les attaques contre la protection sociale, autant d’inquiétudes qui ont trouvé là à s’exprimer. Les attentes déçues, les promesses non tenues constituent les causes de ce camouflet. L’inquiétude porte aussi sur l’École : mais sans doute les familles s’imaginent-elles les classes surchargées et les chiffres d’une pression démographique toujours plus forte ? Ce n’est pas, cette semaine, l’annonce du ralentissement des créations de postes qui va les amener à se dire qu’elles se trompaient… On sait que, de fait, après les CTSD sur les créations/suppressions de postes,à peine 58 postes sont créés dans les collèges et les lycées généraux et technologiques de l’académie de Versailles, qui doivent accueillir 3037 élèves supplémentaires à la rentrée 2014.

Dans le 92, le mécontentement s’est fait entendre bien avant la consultation électorale. Encore une fois, les enseignants —que l’on taxe toujours de corporatisme — ont défendu leurs élèves et la haute idée qu’ils ont de leur mission.

La préparation de la rentrée 2014, dans le Second degré, a été marquée par un mouvement social sans précédent dans ce département au moment de l’attribution des dotations horaires, les DHG. Les personnels se sont mobilisés contre l’enveloppe horaire qui était attribuée à leur collège ou à leur lycée. C’est environ une quarantaine d’établissements du département qui ont connu des actions de mobilisation sur la période : grèves, manifestations, communiqués, actions vers les parents d’élèves. Des journées de grève ont été fortement suivies sur certains établissements (parfois 100%). La durée du mouvement est aussi exceptionnelle : un mois, avec une rotation de la mobilisation entre les établissements. D’autres acteurs se sont associés à ces mobilisations : parents d’élèves, lycéens et élu-e-s du département, montrant que la contestation a été partagée. Cette mobilisation, qui a débuté dans les collèges relevant de l’Éducation prioritaire puis s’est étendue à d’autres collèges et à des lycées, s’explique par la baisse drastique des taux d’encadrement (le H/E). Une baisse justifiée, pour l’Éducation prioritaire, par un discours du Directeur académique, incompréhensible pour les collègues : "il n’y a pas de véritable ZEP dans le 92", "le 92 est un département riche" avec "un taux de catégories sociales favorisées supérieur aux autres départements". Les collègues qui ont les élèves en responsabilité ne semblent pas partager les analyses de la Direction académique… La nécessité d’ouvrir de nouvelles divisions sur certains établissements, du fait de l’augmentation des effectifs, explique les retraits importants sur les autres.
Par ailleurs, le peu de moyens supplémentaires donné au département — au regard de l’augmentation des effectifs — explique qu’il va y avoir très peu de créations de postes fixes dans les collèges et les lycées : + 10 postes alors qu’il est attendu 1700 élèves de plus ! 1 poste pour 170 élèves ! Rappelons que 177 postes ont été supprimés à la rentrée 2011 et 129 à la rentrée 2012, et qu’il n’y a eu que 24 créations à la rentrée 2013… Le département va continuer à perdre des postes dans certaines disciplines : en Lettres classiques (-5 postes !), Allemand, Philosophie, SES et EPS. Cette dégradation montre l’abandon progressif de certaines formations et champs disciplinaires : la diversité des Langues, le Grec et le Latin, notamment.
La rentrée 2014 va donc être marquée par une nouvelle dégradation des conditions de réussite pour les élèves de ce département. Les effectifs resteront pléthoriques sur de nombreux établissements et sur d’autres, la baisse des dotations horaires provoquera la destruction d’une partie du potentiel éducatif pour cette rentrée : projets, options, dispositifs de remédiation pour les élèves en difficulté et enfin, suppressions de postes.
Mais le plus inquiétant reste à venir, la réserve départementale a été épuisée en février, or elle est une nécessité pour ouvrir des divisions en juin ; du fait de la forte volatilité des effectifs dans ce département, 25 divisions nouvelles avaient été ouvertes l’année dernière en juin. Comment la Direction académique va-t-elle s’y prendre ? Pour la FSU, il est indispensable que le département reçoive des moyens supplémentaires dans le cadre du collectif budgétaire annoncé par l’actuel gouvernement. Un minima de 2000 heures est nécessaire pour remettre à niveau les taux d’encadrement dans tous les établissements du département, prenant en compte la poussée démographique, et assurer la réserve pour juin.

On se rappelle que l’École dans son ensemble devait être sanctuarisée.

Il y a maintenant deux ans, le ministre de l’Éducation Nationale annonçait à grand renfort de tambours et trompettes la priorité au primaire. Qu’en est-il concrètement ? Si la FSU a acté un changement de cap dans le premier degré et quelques avancées qui pour nous vont dans le bon sens, nous sommes très loin d’une véritable priorité au primaire, priorité qui devrait permettre de transformer l’école pour lutter efficacement contre l’échec scolaire. En effet, la très grande majorité des écoles ne verront pas leurs conditions d’enseignement s’améliorer à la rentrée 2014. Dans le 92 les postes créés permettent à peine de compenser l’augmentation démographique. Vous avez présenté au CTSD un projet de carte scolaire avec un E/C moyen dans les écoles (nombre d’élèves par classe) en augmentation par rapport à l’an dernier. Il n’y a eu que peu d’évolution et donc le E/C tant en maternelle, qu’en élémentaire continue d’augmenter alors malgré des dotations positives. La priorité au primaire signifie-t-elle une augmentation des effectifs dans les classes ?

Concernant les dispositifs « plus de maîtres que de classes » et « Scolarisation des enfants de moins de trois ans », outre le fait que sur le fond ils ne correspondent pas totalement à ce que porte la FSU92, le nombre de postes implantés reste largement insuffisant, une trentaine à chaque fois (si en affichage le nombre de postes aura triplé, les dispositifs s’appuient essentiellement sur l’existant puisque ce ne sont au bout du compte que 14 créations de postes, les autres étant financés par des fermetures de postes d’adjoints dans ces écoles). Comment donc oser parler de priorité ? Pour transformer l’école et permettre aux équipes de travailler autrement au service de la réussite des élèves, ce sont toutes les écoles qui devraient à terme bénéficier de ces dispositifs. Bien entendu nous ne remettons pas en cause le fait que les écoles situées en éducation prioritaire soient concernées en premier lieu. Sur la question du dispositif « plus de maîtres que de classes », vous avez fait le choix de ne pas implanter de postes dans les écoles maternelles et de supprimer les postes « surnuméraires » qui fonctionnaient dans ces écoles.

Concernant l’ASH, si nous actons positivement l’augmentation du nombre de départs en stage qui envoie à toute la profession, et plus particulièrement aux enseignants spécialisés, un message positif, le nombre reste largement insuffisant au regard du nombre de postes vacants. Lors des chantiers métier, la place des RASED avait été réaffirmée et leur reconstruction annoncée. Alors que ce sont plus d’une centaine de postes de maître E et G qui ont été supprimés depuis 2008, encore cette année aucune dotation pour les RASED : est-ce donc cela la fameuse priorité au primaire ?

Sommes-nous étonnés ? Non, car dès le début la FSU, si elle avait pris bonne note du changement de cap, avait aussi dit que le nombre de postes prévus serait largement insuffisant pour permettre a minima de reconstruire l’école… Quant à la transformer… Ce sera malheureusement aussi le cas pour la formation initiale et continue. Si des moyens supplémentaires dans les écoles pour fonctionner autrement sont nécessaires, ce n’est pas suffisant : la question de la formation initiale et continue est centrale et doit être au cœur du projet de transformation de l’Ecole. Nous actons le changement de cap du nouveau ministre, qui signe le retour à « une » formation. Néanmoins, pour nous, ce n’est pas encore satisfaisant. Nous ne sommes même pas à un retour à la formation IUFM (PE2), qui déjà, comportait des manquements. Un point important que nous dénonçons très fortement est que les stagiaires sont toujours utilisés comme moyens d’enseignement, ce qui, au-delà des problèmes que cela pose pour leur formation initiale, a des conséquences sur l’ensemble des collègues et notamment sur la formation continue.

Enfin, il y a le dossier des rythmes scolaires. Le SNUipp-FSU a toujours été favorable à une réforme des rythmes qui mette fin à la semaine Darcos avec pour principe d’alléger la journée scolaire. Il a toujours considéré qu’elle devait concilier réussite des élèves et amélioration des conditions d’exercice du métier. Pour le SNUipp-FSU, cette réforme actuelle n’est pas satisfaisante. Elle a été mal pensée, mal préparée, peu financée et s’organise trop souvent sans l’avis des enseignants. En conséquence, à l’épreuve du terrain, sa mise en œuvre débouche trop souvent sur des difficultés réelles occultant l’intérêt des élèves et des enseignants. De plus, le SNUipp-FSU a toujours considéré qu’il aurait fallu articuler la réforme des rythmes avec des mesures pour les élèves et le métier d’enseignant : refonte des programmes scolaires, rénovation de la formation continue, scolarisation précoce des moins de trois ans, augmentation du nombre de RASED, déconnexion temps élèves/temps enseignants et plus de maîtres que de classes, fin de l’APC, sans oublier la question des salaires. Au SNUipp-FSU nous avons pris l’initiative de produire un contre-rapport pour porter la parole du terrain. Nous y avons pointé le manque, voire l’absence de concertation. Ainsi, sur les écoles qui ont répondu à l’enquête du SNUipp-FSU, si 72 % des Conseils d’école ont été consultés au départ, moins de la moitié ont été écoutés à l’arrivée. Nous notons également que les spécificités de la maternelle ne sont pas prises en compte. Trop souvent, ce sont des contraintes matérielles qui guident la mise en place de la réforme : transports, manque de personnels municipaux, gestion des locaux. Le contre rapport élaboré par le SNUipp-FSU sera examiné lors du prochain comité de suivi ministériel, c’est à dire le vendredi 11 avril. Tout en respectant le principe d’allègement de la journée de classe, pour ne pas dégrader les conditions de travail des enseignants et respecter l’intérêt des élèves, le SNUipp-FSU portera la demande d’un cadrage national fort, ainsi que de pouvoir sortir du cadre strict des 9 demi-journées et enfin que les demandes de dérogations à ce cadre n’émanent que des conseils d’école et non des municipalités.

Pour les CIO, le Conseil Général finançait en partie l’existence de ces CIO en payant le bail des locaux et une partie des frais de fonctionnement (les personnels étant sous la responsabilité du Rectorat). Les parents, les associations et les CO-Psy sont toujours mobilisés dans le souci de maintenir un service public de proximité pour les élèves. 5 CIO ont déjà fermé : Asnières, Courbevoie, Meudon, Nanterre, Chatenay-Malabry le mois dernier, et deux vont fermer prochainement : Sceaux en septembre 2014 et Clamart en 2016. Il n’y a plus de CIO dans une commune comme Nanterre ! 12% des élèves sont des « décrocheurs », la moitié en 3ème , au niveau des collèges. Ils sont trop jeunes pour relever de certains dispositifs et les MLDS n’ont pas montré leurs effets : il faut que des CIO leur soient accessibles, or trois seulement resteront dans les Hauts de Seine. C’est, pour la FSU, inacceptable : des solutions doivent être trouvées rapidement.

La FSU refuse toute diminution du potentiel éducatif qui creuserait encore les inégalités et obèrerait les chances de réussite du plus grand nombre. La FSU continuera de s’inscrire dans la défense des missions de l’Éducation.


Vœu présenté par la FSU sur les CIO, auquel se sont joints les élus FCPE.

Le CDEN exprime son désaccord avec l’évolution de la carte des CIO dans le département. La réduction programmée à 3 CIO ne permettra pas d’assurer les missions de service public d’orientation dans les Hauts de Seine.

Le vœu est voté à la majorité, 17 voix pour.


Vote sur les conditions de rentrée 2014

Vote "CONTRE" majoritaire, aucune voix "pour" !!