Ce CDEN doit faire le bilan de cette rentrée 2011, rentrée une nouvelle fois marquée par des suppressions massives de postes. En effet, ce sont 16 000 postes qui ont été retirés du budget des écoles, collèges et lycées mettant toujours plus à mal un service public d’éducation ayant déjà payé un lourd tribut à la politique de restrictions budgétaires actuelle. Les conséquences sont d’ordre quantitatif mais touchent aussi la qualité même de l’offre éducative.

Mais au-delà de ces suppressions de postes, c’est toute la politique menée ces dernières années qui porte atteinte à la qualité et à l’ambition du service public d’éducation, et ce malgré l’engagement sans faille des personnels de l’Education, enseignants, CPE, COpsy, personnels administratifs, TOS, assistants sociaux, infirmières et personnels d’encadrement qui ont à cœur d’assurer chaque jour leurs missions. Nous ne sommes pas les seuls à le dire puisque de l’OCDE au HCE, les critiques sont sévères. De même, les derniers résultats de l’évaluation PISA montraient un accroissement des inégalités scolaires qui ne peuvent que renforcer les inégalités sociales elles aussi croissantes. Une école à plusieurs vitesses se construit au fur et à mesure des « réformes » mises en œuvre et des suppressions massives de postes. Plus qu’ailleurs, le poids des inégalités sociales pèse de manière insoutenable dans les résultats scolaires des élèves. Et le gouvernement voudrait faire croire que réussite et/ou échec scolaire dépendent de la seule volonté individuelle des acteurs, élèves, parents, enseignants, personnels de l’éducation.

Quid de la responsabilité de l’Ecole ? De la politique éducative et des moyens alloués ? Des inégalités sociales et territoriales ? Nous entrons dans l’Ecole du XXIème siècle et pourtant les évolutions de notre société, les besoins nouveaux, les défis à relever qu’ils soient culturels, scientifiques, économiques ou écologiques ne sont pas pris en compte par les politiques éducatives qui ne répondent qu’à des intérêts à court terme.

Et notre département n’échappe pas à cette triste réalité.

Dans le premier degré, on nous annonce une baisse d’effectif par rapport aux prévisions : relativisons ! 110 postes supprimés pour une baisse de 876 élèves. Cela fait 1 poste supprimé pour 8 élèves en moins. Si la même proportion était gardée quand il s’agit d’élève supplémentaire, cela se saurait !

Notre département était en queue de peloton par rapport aux autres départements en terme de P/E, les suppressions de postes n’ont fait que dégrader les conditions d’enseignement. 40 postes RASED et 71 postes supprimés ont et auront des conséquences sur l’apprentissage des élèves.

Comment l’école peut-elle remplir ses missions de service public quand les classes sont surchargées, des classes à plus de 30 hors éducation prioritaire en maternelle comme en élémentaire ne font plus une exception, et à plus de 25 en éducation prioritaire ?

Comment l’école peut-elle remplir ses missions de service public quand la possibilité de venir en aide aux élèves en difficulté dans un bon nombre de communes est réduite à une portion congrue ? A titre d’exemples : 1 enseignant spécialisé pour 1325 élèves à Montrouge, 1 pour 1160 à Issy les Moulineaux et 1 pour 1258 à Puteaux et Suresnes.

Comment l’école peut-elle remplir ses missions de service public quand des élèves n’ont pas classe pendant une semaine, voire plus, du fait du non-remplacement de l’enseignant absent, quand dans une même école ce sont 2, 3 ou 4 enseignants qui ne sont pas remplacés et donc autant d’élèves répartis dans les classes désorganisant de fait l’enseignement ? L’utilisation des moyens de remplacement pour assurer la « formation » des maîtres ajoutée aux 71 postes supprimés crée cette situation intenable pour les élèves, les enseignants et les parents. Nous demandons que dès maintenant soit procédé à l’ouverture de la liste complémentaire au concours CRPE, seule solution acceptable dans un tel contexte. Nous dénoncerons, s’il était fait, le recrutement de vacataires à « Pôle Emploi » pour pallier au manque d’enseignants.

Enfin comment l’école peut-elle remplir ses missions de service public quand les enseignants stagiaires ont une formation initiale tronquée, que les enseignants titulaires se voient la possibilité de se former réduites de manière notable ?

Dans le 2nd degré, la surcharge des effectifs par classe devient générale et frappe même l’Education Prioritaire du fait des retraits de moyens qui y ont été opérés. Les « réformes » du lycée, qu’il s’agisse de la voie professionnelle, des filières STI, de la 2de et maintenant de la 1ère, conduisent à « optimiser le remplissage des structures ». Il se confirme que l’Accompagnement Personnalisé est un leurre ; l’offre d’enseignements d’exploration, très contrastée, creuse les écarts entre les établissements ; partout les emplois du temps deviennent ingérables. Le respect des horaires dus aux élèves devient aléatoire, tant les dotations sont contraintes.

De nombreux élèves encore sans affectation début septembre, ont été envoyés loin de chez eux, ou dans une autre spécialité, pour des raisons d’économie.

La contradiction entre des moyens en baisse, et la poussée démographique qui aborde le 2d degré, devient criante. La pénurie de professeurs se traduit par une dégradation marquée de leurs conditions d’exercice avec de plus en plus de profs « à cheval » sur 2 voire 3 établissements, et de plus en plus d’Heures Supplémentaires, ce qui n’empêche pas des difficultés sans précédent en terme de remplacement, et un recours croissant à des personnels mis sans formation devant élèves (enseignants de STI « reconvertis » en profs de maths, stagiaires lauréats de concours, étudiants en master « en alternance », contractuels). L’imposition des heures supplémentaires crée des situations de pression et de tension extrêmes parmi les personnels, ainsi que des non-sens pédagogiques tels que les regroupements multiniveaux. Sans mesures rapides pour rétablir l’attractivité du métier et attirer des étudiants supplémentaires vers les débouchés de l’enseignement, la crise de recrutement va s’aggraver, avec des conséquences directes pour les élèves.

Le cas de la médecine scolaire est éloquent : parce que le gouvernement tarde à tenir ses engagements en matière de revalorisation salariale, 20% des postes d’infirmière restent vacants sur le département.

La dotation de surveillance a perdu 8 emplois, retirés aux établissements pour doter les Internats ; au même moment les Contrats Aidés qui ont représenté près du quart des moyens de surveillance disparaissent. Les Vies Scolaires mais aussi les services administratifs des établissements des Hauts de Seine sont sur les genoux et multiplient les signaux d’alerte depuis la rentrée.

Il est temps de penser un autre projet éducatif qui concilie qualité et quantité. L’Education, la Formation et la Recherche ne sont pas des charges mais des investissements d’avenir indispensables pour les générations futures. Ce sont des leviers essentiels pour construire une société solidaire respectueuse de chacun et de la planète, où l’égalité et la justice permettent à tous dignité et liberté. Le service public laïc d’éducation joue un rôle irremplaçable pour transcender les particularismes et les hasards de la naissance et lutter contre les biais sociaux.

Pour réussir ce défi, notre système éducatif doit évoluer et se transformer. La FSU est prête à le relever et continuera à porter son projet et ses propositions en ce sens. Elle continuera également de proposer, de revendiquer et d’agir avec les personnels pour leur garantir des conditions de travail et d’exercice à la hauteur des exigences de l’accomplissement de leurs missions essentielles pour l’avenir de notre société.