Pour un syndicalisme internationaliste,
la CSI n’est pas la solution
.
Nous partageons l’analyse de l’absence d’organisation à l’échelle mondiale capable de coordonner l’action syndicale et les luttes en cours. La CSI est-elle une réponse à cet objectif ?
La CSI n’est pas « une page blanche »
Selon certains camarades, la CSI serait une nouvelle organisation dont le profil restent à définir. Il y aurait donc urgence à participer à sa construction pour faire en sorte qu’elle se développe sur une base offensive et contrer les tenants d’un simple syndicalisme d’accompagnement.
Pourtant la réalité de la CSI est bien différente. Loin d’être née des rapprochements syndicaux qu’ont permis le renouveau des luttes et le mouvement altermondialiste, elle est issue de la réunification de deux organisations qui ont une histoire : la CMT liée au syndicalisme chrétien et la CISL qui regroupait des syndicats comme FO en France.
Ses statuts et ses textes fondateurs en sont le produit, une orientation qui vise clairement la cogestion dans des organisations comme l’OMC, l’OCDE, la BM, le FMI, comme on peut le lire dans ses statuts : « [la CSI] assume la tâche de lutter pour la gouvernance démocratique de cette économie ».
C’est encore plus explicite dans le programme voté au congrès de fondation de la CSI, en novembre 2006 : « le Congrès engage la CSI à agir pour assurer [que] l’OMC, la Banque mondiale et le FMI soient associées à une activité conjointe pour […] assurer une meilleure cohérence politique internationale, nécessaire pour avoir un processus de mondialisation juste et intégré »[1].
Le mouvement altermondialiste s’est constitué, notamment depuis Seattle, autour de « contre-sommets », ces forums et ces manifestations, où le mouvement syndical a joué un rôle essentiel, contestent la légitimité des organisations comme l’OMC, le FMI ou la BM à imposer à tous leur mondialisation libérale. Alors, deux stratégies existent : se réunir à Davos avec l’OMC pour infléchir les décisions prises ou bien participer aux mobilisations du contre-sommet.
La CSI choisit clairement la première solution en voulant « changer le cours de la mondialisation » sans remettre en cause sa nature libérale. Mais pour nous, cette mondialisation organisée autour du culte du libre-échange et du marché par des institutions internationales n’est pas compatible avec les intérêts des salariés, des paysans, des chômeurs qu’ils soient du Sud ou du Nord. C’est pour cela que ces derniers affirment, avec force dans les luttes et les Forums Sociaux, la nécessité d’une autre mondialisation, de solidarités, de droits sociaux, de la redistribution des richesses… Une autre mondialisation qui n’aurait rien à voir avec le processus libéral actuel.
Cette orientation de la CSI a déjà des traductions très concrètes comme l’affiliation en Amérique du Sud de syndicats comme la CTV (représentée au bureau exécutif de la CSI) pour le Venezuela, syndicat qui avaient participé au lock-out patronal de 2002-2003 dont l’objectif était un coup d’Etat pour placer le représentant du patronat au pouvoir, tentative mise en échec par la mobilisation populaire dans les rues de Caracas.
C’est pourquoi, même si la mondialisation des luttes en cours n’a pas encore abouti à une recomposition syndicale, l’adhésion à la CSI dont l’objectif est la construction d’un « libéralisme à visage humain » ne nous paraît pas être la solution au problème.
C’est pourquoi nous appelons à voter contre le projet d’intégration de la FSU à la CSI
Armelle (Gennevilliers, snuipp, école émancipée), Magalie (Gennevilliers, snuipp, école émancipée), David (Courbevoie, snes, école émancipée).