Être majoritaire, prendre ses responsabilités, c’est engager le bras de fer contre ce gouvernement et construire un outil syndical utile aux résistances du quotidien et à leur unité pour construire un mouvement d’ensemble !
Sous le gouvernement Hollande, malgré les attaques contre les retraites, contre le code du travail, les cadeaux fiscaux au patronat, l’austérité budgétaire dans les services publics, la FSU, qui s’était d’emblée inscrite dans le cadre du dialogue social sans avoir pour préoccupation première la construction d’un rapport de force, allait être incapable de jouer un quelconque rôle dans la mobilisation contre la loi Travail. Trois ans après, alors que les attaques continuent, la FSU maintient cette ligne.
Pourtant, une réelle combativité s’exprime. Des grèves contre la loi travail, à la SNCF, en passant par les gilets jaunes, nombreux sont ceux qui cherchent les moyens d’engager un combat gagnant sans plus attendre les directions syndicales, empêtrées dans le dialogue social.
L’an dernier, le secteur de l’éducation dans lequel la FSU reste majoritaire, s’est significativement mobilisé : dans le premier degré contre la loi « école de la confiance », dans le second degré avec la grève du bac et la mobilisation contre la réforme du lycée.
La FSU et ses syndicats nationaux sont apparus complètement en retrait des mobilisations, incapables de prendre la moindre initiative pour généraliser et unifier la lutte. Pourquoi n’a-t-elle pas appelé à la généralisation de la grève dans le secteur de l’éducation, de la maternelle à l’université au plus fort de la mobilisation ? À cause des vacances par zone ? Parce que manifester le samedi, sans faire grève, permettrait prétendument de mieux s’allier aux parents d’élèves ? Tout ça n’est que prétexte à l’inaction.
Changer de logiciel, passer en mode offensif !
Jamais depuis cette année, la question de la grève reconductible ne s’était posée avec autant d’acuité chez les enseignant.e.s. Tout simplement parce que sur la base de leur propre expérience, nos collègues comprennent que, se mobilier, non pour simplement témoigner de sa colère, mais pour gagner, devient une urgence ! Les structures d’auto-organisation (AG pour se coordonner entre établissements en l’Île-de-France, coordination nationale, chaîne des bahuts…) ont émergé. Se regrouper pour ne pas se battre isolément, créer des caisses de grève communes, décider soi-même chaque jour des suites à donner à la mobilisation, organiser collectivement la défense juridique face aux coups de pressions hiérarchiques et à la répression… C’est ce qui a permis de construire les mobilisations de l’an dernier et de rendre notamment possible la grève reconductible du bac en juin et juillet derniers, malgré les menaces de sanctions du ministre et ses remises en cause du droit de grève (réquisitions illégales…).
Et c’est là que le débat commence dans la FSU : faut-il prendre appui sur ce qu’il y a de plus déterminé, de plus décidé à mener la lutte pour entraîner le reste de la profession ?
Il s’agit de la crédibilité de tout le syndicat. Face à ce gouvernement décidé à nous aplatir à la petite cuillère, qui ment, qui mutile, qui emprisonne les syndicalistes, les jeunes, les antifascistes, qui est déterminé à détruire nos vies, il ne s’agit plus de tergiverser en se demandant s’il est légitime de se donner tous les moyens de construire un mouvement d’ensemble, interprofessionnel, dans tous les secteurs, qui mette un coup d’arrêt à Macron, aux patrons et à leurs politiques.
Pour notre part, membres de l’École émancipée dans ce département, nous pensons que tergiverser sur ces questions, c’est non seulement ne pas prendre ses responsabilités, mais surtout abandonner la construction d’un syndicalisme de transformation sociale.
Nous appelons toutes celles et ceux avec qui nous menons des bagarres quotidiennes dans nos écoles, avec qui nous nous retrouvons en assemblées générales, sectorielles et interprofessionnelles, à mener ce combat là avec nous dans la FSU, à regrouper nos forces en interne pour que les voix qui s’expriment contre l’orientation majoritaire soient bien plus audibles. Et en externe, quel que soit notre syndicat, à favoriser toutes les initiatives de regroupement comme les AG au soir des journées de grève ou bien encore comme les initiatives prises fin août avec l’université d’été de l’éducation.