Les annonces du président de la république sur le lycée semblent marquées par la prudence imposée par les mobilisations de l’année dernière. Elles reprennent partiellement des demandes et des propositions dont les personnels et les jeunes étaient porteurs, comme le rééquilibrage des séries, l’importance de la voie technologique dans la démocratisation du lycée, la rénovation des STI ; et elles abandonnent en partie des choix dangereux du précédent projet de réforme.
Le Président prend acte au passage des dysfonctionnements du lycée actuel sans pour autant reconnaître la responsabilité de sa politique éducative. Et les mesures annoncées ne répondent pas à la principale revendication des personnels et des jeunes : améliorer les conditions de travail et d’étude pour assurer la réussite de tous, notamment en revalorisant les bourses de lycée sur critères sociaux.
De nombreuses zones d’ombres subsistent qui peuvent cacher de réelles menaces et alourdir encore la charge de travail des personnels : les contours du cycle terminal qui restent bien flous, l’articulation du travail sur l’orientation avec la loi « orientation-formation tout au long de la vie » qui n’est pas abordée, le rôle des COPsy, l’autonomie des établissements dans la prise en charge de la difficulté scolaire, la place du livret de compétences et son articulation avec le baccalauréat…. L’objectif des 80% n’est même plus mentionné…
Dans un contexte de maintien de milliers de suppressions de postes et de précarisation accrue dans l’ensemble du système éducatif, et alors que la formation et l’accompagnement des lycéens nécessitent des équipes pluridisciplinaires complètes au sein des établissements, nombre de mesures vont se heurter à la question du manque de moyens qui en limitera la portée ou en compromettra l’objectif. Par exemple, rien n’est prévu pour diminuer les effectifs par classe. Cela peut-il faire un lycée plus efficace ?
Le cadre reste le même : délais trop courts, pas de remise en question de la réforme de l’enseignement professionnel que la FSU conteste, maintien de la libéralisation de la Carte Scolaire avec toutes ses conséquences en terme d’inégalités entre établissements et lycéens.
Le « plus d’autonomie » des jeunes, la reconnaissance d’engagements associatifs, se heurtent à une réalité sociale que ce projet ne permet pas de dépasser. Se contenter d’annoncer une orientation progressive et réversible, des stages pendant les vacances, cela peut-il faire un lycée plus juste ?
C’est avec le souci d’une réforme qui assure plus d’efficacité et plus de justice pendant le temps scolaire et contribue à la réussite de tous que la FSU, avec ses syndicats, interviendra dans les discussions en s’appuyant sur la mobilisation de personnels.